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bre de Louis XIV, auteur d’un livre rare intitulé Histoire récente pour servir de preuve à la vérité du purgatoire, vérifiée par procès-verbaux dressés en 1663 et 1664, avec un Abrégé de la vie d’André Bugnot, colonel d’infanterie, et le récit de son apparition après sa mort. In-12, Orléans, 1665. Cet André Bugnot était le frère d’Étienne. Son apparition et ses révélations n’ont rien d’original.

Buisson d’épines. Selon une coutume assez singulière, quand il y avait un malade dans une maison, chez les anciens Grecs, on attachait à la porte un buisson d’épines, pour éloigner les esprits malfaisants.

Bullet ( Jean-Bapliste), académicien de Besançon, mort en 1775. On recherche ses Dissertations sur la mythologie française et sur plusieurs points curieux de l’histoire de France. In-12, Paris, 1771.

Bune, démon puissant, grand-duc aux enfers. Il a la forme d’un dragon avec trois têtes, dont la troisième seulement est celle d’un homme. Il ne parle que par signes ; il déplace les cadavres, hante les cimetières et rassemble les démons sur les sépulcres. Il se vante d’enrichir et de rendre éloquents ceux qui le servent. Trente légions lui obéissent[1].

Les démons soumis à Bune, et appelés Bunis, sont redoutés des Tartares, qui les disent très-malfaisants. Il faut avoir la conscience nette pour être à l’abri de leur malice ; car leur puissance est grande et leur nombre est immense. Cependant les sorciers du pays les apprivoisent, et c’est par le moyen des Bunis qu’ils se vantent de découvrir l’avenir.

Bungey (Thomas), moine anglais, élève, ami et serviteur de Roger Bacon, avec qui les démonographes l’accusent d’avoir travaillé sept ans à la merveilleuse tête d’airain qui parla, comme on sait[2]. On ajoute qu’il était magicien, et on en donne pour preuve qu’il publia un livre de la magie naturelle, De magia naturali, aujourd’hui peu connu.

Les bonnes gens racontent que l’illustre religieux, ayant formé le projet d’entourer l’Angleterre d’un mur d’airain, avait fabriqué une tête de bronze, prodigieux androïde qui devait avertir son serviteur, le frère Bungey, du moment favorable à l’érection de la muraille. Un jour la tête dit : Il est temps. Bungey dormait. Un autre jour elle répéta : Il est temps. Bunger dormait encore. Une troisième fois elle ouvrit la bouche et s’écria : Il n’est plus temps. Aussitôt la maison, ébranlée dans ses fondements, ensevelit Bungey sous ses ruines.

Delrio l’absout de l’accusation de magie[3], et il avoue que son livre ne contient qu’une certaine dose d’idées superstitieuses. Une autre preuve qu’il n’était pas magicien, mais seulement un peu mathématicien, c’est qu’on l’élut provincial des franciscains en Angleterre[4].

Bunis, démons tartares. Voy. Bune.

Buplage ou Buptage. « Après la bataille donnée entre le roi Antiochus et les Romains, un officier nommé Buplage, tué dans le combat, où il avait reçu douze blessures mortelles, se leva tout d’un coup au milieu de l’armée romaine victorieuse, et cria d’une voix grêle à l’homme qui le pillait :

   Cesse, soldat romain, de dépouiller ainsi
   Ceux qui sont descendus dans l’enfer obscurci…

» Il ajouta en vers que la cruauté des Romains serait bientôt punie, et qu’un peuple sorti de l’Asie viendrait désoler l’Europe ; ce qui peut marquer l’irruption des Francs sur les terres de l’empire. Après cela, bien que mort, il monta sur un chêne, et prédit qu’il allait être dévoré par un loup ; ce qui eut lieu, quoiqu’il fût sur un chêne. Quand le loup eut avalé le corps, la tête parla encore aux Romains et leur défendit de lui donner la sépulture. Tout cela paraît très-incroyable[5]. Ce ne furent pas les peuples d’Asie, mais ceux du Nord qui renversèrent l’empire romain ; mais on a cru longtemps que les Francs venaient de la Troade. »

Burgifer, démon ennemi de Brudemort.

Burgot (Pierre), loup-garou brûlé à Besançon en 1521 avec Michel Verdung.

Burrough ( George), ministre de la religion anglicane à Salem, dans la Nouvelle-Angleterre, pendu comme sorcier en 1692. On l’accusait d’avoir maléficié deux femmes qui venaient de mourir. La mauvaise habitude qu’il avait de se vanter sottement qu’il savait tout ce qu’on disait de lui en son absence fut admise comme preuve qu’il communiquait avec le diable[6].

Burton (Robert), auteur d’un ouvrage intitulé Anatomie de la mélancolie, par Démocrite le jeune, in-4o, 1624 ; mort en 1639. L’astrologie était de son temps très-respectée en Angleterre, sa patrie. Il y croyait et voulait qu’on ne doutât pas de ses horoscopes. Ayant prédit publiquement le jour de sa mort, quand l’heure fut venue il se tua pour la gloire de l’astrologie et pour ne pas avoir un démenti dans ses pronostics. Cardan et quelques autres personnages habiles dans la science des astres ont fait la même chose[7].

Busas, prince infernal. Voy. Pruflas.

  1. Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
  2. Voyez Bacon.
  3. Disquisit. magie, lib. I, cap. m, q. i.
  4. Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc., p. 495.
  5. Traité dogmatique des apparitions, t. II, p. 483. Leloyer, p. 253.
  6. Godwin, Vie des nécromanciens.
  7. Curiosités de la littérature, traduit de l’anglais par Bertin, t. I, p. 51.