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rité des prodiges qu’elle opérait, on la fit enfermer au secret. On reconnut que les visions de Marie Bucaille n’étaient que fourberies ; qu’elle n’était certainement pas en commerce avec les anges. Elle fut fouettée et marquée, et tout fut fini[1].

Bucer (Martin), grand partisan de Luther, mort à Cambridge en 1551. On l’a peint suivi d’un démon qui le soufflait. « Comme il était


aux abois de la mort, assisté de ses amis, le diable s’y trouva aussi, l’accueillant avec une figure si hideuse, qu’il n’y eut personne qui, de frayeur, n’y perdît presque la vie. Icelui diable l’empoigna rudement, lui creva le ventre, le tua en lui tordant le cou, et emporta son âme, qu’il poussa rudement devant lui aux enfers[2]. »

Buckingham (George Villiers, duc de), favori de Jacques I er, mort à Portsmouth en 1628, illustre surtout par sa fin tragique. — On sait qu’il fut assassiné par Felton, officier à qui il avait fait des injustices. Quelque temps avant sa mort, Guillaume Parker, ancien ami de sa famille, aperçut à ses côtés en plein midi le fantôme du vieux sir George Villiers, père du duc, qui depuis longtemps ne vivait plus. Parker prit d’abord cette apparition pour une illusion de ses sens ; mais bientôt il reconnut la voix de son vieil ami, qui le pria d’avertir le duc de Buckingham d’être sur ses gardes, et disparut. Parker, demeuré seul, réfléchit à cette commission, et, la trouvant difficile, il négligea de s’en acquitter. Le fantôme revint une seconde fois et joignit les menaces aux prières, de sorte que Parker se décida à lui obéir ; mais il fut traité de fou, et Buckingham dédaigna son avis.

Le spectre reparut une troisième fois, se plaignit de l’endurcissement de son fils, et tirant un poignard de dessous sa robe : « Allez encore, dit-il à Parker, annoncer à l’ingrat que vous avez vu l’instrument qui doit lui donner la mort. »

Et de peur qu’il ne rejetât ce nouvel avertissement, le fantôme révéla à son ami un des plus intimes secrets du duc. — Parker retourna à la cour. Buckingham, d’abord frappé de le voir instruit de son secret, reprit bientôt le ton de la raillerie, et conseilla au prophète d’aller se guérir de sa démence. Néanmoins, quelques semaines après, le duc de Buckingham fut assassiné. On ne dit pas si le couteau de Felton était ce même poignard que Parker avait vu dans la main du fantôme.

Bucon, mauvais démon, cité dans les Clavicules de Salomon. Il sème la jalousie et la haine.

Budas, hérétique qui fut maître de Manès, et auteur de l’hérésie manichéenne. C’était, dit Pierre Delancre[3], un magicien élève des Brahmanes, et en plein commerce avec les démons. Un jour qu’il voulait faire je ne sais quel sacrifice magique, le diable l’enleva de terre et lui tordit le cou[4] : digne récompense de la peine qu’il avait prise de rétablir par le manichéisme la puissance de Satan !

Buer, démon de seconde classe, président aux enfers ; il a la forme d’une étoile ou d’une roue à cinq branches, et s’avance en roulant sur lui-

même. Il enseigne la philosophie, la logique et les vertus des herbes médicinales. Il se vante de donner de bons domestiques et de rendre la santé, aux malades. Il commande cinquante légions.

Bugnot (Étienne), gentilhomme de la cham-

  1. Lettres du médecin Saint-André sur la magie et sur les maléfices, p. 488 et 431.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. I, disc. i.
  3. Discours des spectres, liv. VIII, ch, v.
  4. Socrate, Histor. eccles., lib. I, cap. xxi.