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BRA
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Picard, mort vers 1553. Il veut établir, dans son livre De sensu, cette opinion que le monde est un animal, opinion d’ailleurs ancienne, renouvelée plusieurs fois depuis et assez récemment par Félix Nogaret[1] . On cite encore de Bovillus ses Lettres[2], sa Vie de Raymond Lulle, son Traité des douze nombres et ses Trois dialogues sur l’immortalité de l’âme, la résurrection et la fin du monde[3].

Boxhorn (Marc Zuerius), critique hollandais, né à Berg-op-Zoom en 1612. On recherche de lui un Traité des songes, qui passe pour un ouvrage rare et curieux[4].

Braccesco (Jean), alchimiste de Brescia, qui florissait au seizième siècle. Il commenta l’ouvrage arabe de Geber, dans un fatras aussi obscur que le livre commenté. Le plus curieux de ses traités est Le bois de vie, où l’on apprend la médecine au moyen de laquelle nos premiers pères ont vécu neuf cents ans[5].

Brag, lutin nocturne qui s’annonce chez les Anglais par un bruit de grelots si fort qu’on peut le prendre pour un cheval de poste. On ne le voit pas d’abord, mais son plaisir est de poser ses deux pattes de devant sur les épaules du passager qu’il veut intriguer. Après s’être fait traîner ainsi quelques pas, il s’enfuit en poussant un joyeux hennissement. Il a eu l’audace de se montrer en 1809 dans la ville d’York.

Bragadini (Marc-Antoine), alchimiste, originaire de Venise, décapité dans la Bavière, en 1595, parce qu’il se vantait de faire de l’or, qu’il ne tenait que des libéralités d’un démon, comme disent les récits du temps. Son supplice eut lieu à Munich, par l’ordre du duc Guillaume II. On arrêta aussi deux chiens noirs qui accompagnaient partout Bragadini, et que l’on reconnut être ses démons familiers. On leur fit leur procès ; ils furent tués en place publique à coups d’arquebuse.

Brahma, dieu créateur des Indiens. Ils lui reconnaissent neuf fils, qui sont autant de petits Brahmas : Takin, né de l’orteil du dieu ; Poulaguin, de son nombril ; Poulalien, de son oreille ; Pirrougou, de son épaule ; Méraclou, de ses mains ; Chanabadi, de son visage ; Anguira, de son nez ; Narissen, de son esprit, et Atri, de ses yeux.

Brahmanes, Brahmes et Brahmines, sectateurs de Brahma dans l’Inde. Ils croient que l’âme de Brahma passa successivement dans quatre-vingt mille corps différents, et s’arrêta un peu dans celui d’un éléphant blanc avec plus de complaisance ; aussi révèrent-ils l’éléphant blanc.

Ils sont la première des quatre castes du peuple qui adore Brahma. Ces philosophes, dont on a conté tant de choses, vivaient autrefois en partie dans les bois, où ils consultaient les astres et faisaient de la divination, et en partie dans les villes pour enseigner la morale aux princes indiens. Quand on allait les écouter, dit Strabon, on devait le faire dans le plus grand silence. Celui qui toussait ou crachait était exclu.

Les Brahmanes croient à la métempsycose, ne mangent que des fruits ou du lait, et ne peuvent toucher un animal sans se rendre immondes. Ils disent que les bêtes sont animées par les âmes des anges déchus, système dont le père Bougeant a tiré un parti ingénieux.

Il y avait dans les environs de Goa une secte de brahmanes qui croyaient qu’il ne fallait pas attendre la mort pour aller dans le ciel. Lorsqu’ils se sentaient bien vieux, ils ordonnaient à leurs disciples de les enfermer dans un coffre et d’exposer le coffre sur un fleuve voisin qui devait les conduire en paradis. Mais le diable était là qui les guettait ; aussitôt qu’il les voyait embarqués, il rompait le coffre, empoignait son homme ; et les habitants du pays, retrouvant la boîte vide, s’écriaient que le vieux brahmane était allé auprès de Brahma.

Ce Brahma, chef des brahmanes ou brahmes, ou brahmines, est, comme on sait, l’une des trois personnes de la trinité indienne. Il resta plusieurs siècles, avant de naître, à réfléchir dans un œuf d’or, de la coquille duquel il fit le ciel et la terre. Il avait cinq têtes ; il en perdit une dans une bataille, et se mit ensuite à produire quatorze mondes, l’un de son cerveau, l’autre de ses yeux, le troisième de sa bouche, le quatrième de son oreille gauche, le cinquième de son palais, le sixième de son cœur, le septième de son estomac, le huitième de son ventre, le neuvième de sa cuisse gauche, le dixième de ses genoux, le onzième de son talon, le douzième de l’orteil de son pied droit, le treizième de la plante de son pied gauche et le dernier de l’air qui l’environnait. Les habitants de chacun de ces mondes ont des qualités qui les distinguent, analogues à leur origine ; ceux du monde sorti du cerveau de Brahma sont sages et savants.

  1. Dans un petit volume intitulé La terre est un animal.
  2. Epistolœ complures super mafhematicum opus quadripartitum, recueillies avec les traités De duodecim numeris, De numeris perfectis, etc., à la suite du Liber de intellectu, de sensu, etc. In-fol., rare. Paris, H. Estienne, 4 510.
  3. Vita Raymundi eremitœ, à la suite du Commentarius in primordiale Evangelium Joannis. In—4°. Paris, 4 514. — Dialogi très deanimœ immortalitule, de resurrectione, de mundi excidio et illius instauratione, In-8°. Lyon, Gryphius, 1552.
  4. Marci Zuerii Boxhornii Oratio de somniis. Lugduni Batav., 4 639, vol. in-4o.
  5. Legno della vita, nel quale si dichiara la medicina per la quale nostri primi padri vivevano nove cento anni. Rome, 1542, in-8o. — La esposizione di Geber filosofo, nella quale si dichiarano molli nobilissimi secreti délia natura. In-8°. Venise, 1544. — Ces deux ouvrages, traduits en latin, se trouvent dans le recueil de Gratarole, Vera alchemiœ doctrina, et dans le tome Ier er de la bibliothèque chimique de Manget ; ils sont aussi publiés séparément sous le titre : De alchemia dialogiquo. In-4°. Lugd., 1548.