Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ABR
ABS
— 4 —

auxquels ils attribuaient trois cent soixante-cinq vertus, une pour chaque jour. Les basilidiens disaient encore que Jésus-Christ, Notre-Seigneur,

 
Abracax ou Abraxas
Abracax ou Abraxas
 
n’était qu’un fantôme bienveillant envoyé sur la terre par Abracax. Ils s’écartaient de la doctrine de leur chef.

Abraham. Tout le monde connaît l’histoire de ce saint patriarche, écrite dans les livres sacrés. Les rabbins et les musulmans l’ont chargée de beaucoup de traditions curieuses, que le lecteur peut trouver dans les Légendes de l’Ancien Testament.

Les Orientaux voient dans Abraham un savant astrologue et un homme puissant en prodiges. Suidas et Isidore lui attribuent l’invention de l’alphabet, qui est dû à Adam. Voy. Cadmus.

Les rabbins font Abraham auteur d’un livre De l’explication des songes, livre que Joseph, disent-ils, avait étudié avant d’être vendu par ses frères. On met aussi sur son compte un ouvrage intitulé Jetzirah, ou la Création, que plusieurs disent écrit par le rabbin Akiba. Voy. ce nom. Les Arabes possèdent ce livre cabalistique, qui traite de l’origine du monde : ils l’appellent le Sepher. On dit que Vossius, qui raisonnait tout de travers là-dessus, s’étonnait de ne pas le voir dans les livres canoniques. Postel l’a traduit en latin : on l’a imprimé à Paris en 1552 ; à Mantoue en 1562, avec cinq commentaires ; à Amsterdam en 1642. On y trouve de la magie et de l’astrologie. — « C’est un ouvrage cabalistique très-ancien et très-célèbre, dit le docteur Rossi. Quelques-uns le croient composé par un écrivain antérieur au Talmud, dans lequel il en est fait mention. » — Le titre de l’ouvrage porte le nom d’Abraham ; mais ajoutons qu’il y a aussi des opinions qui le croient écrit par Adam lui-même.

Abrahel, démon succube, connu par une aventure que raconte Nicolas Remy dans sa Démonolâtrie, et que voici ; — En l’année 1581, dans le village de Dalhem, au pays de Limbourg, un méchant pâtre, nommé Pierron, conçut un amour violent pour une jeune fille de son voisinage. Or cet homme mauvais était marié ; il avait même de sa femme un petit garçon. Un jour qu’il était occupé de la criminelle pensée de son amour, la jeune fille qu’il convoitait lui apparut dans la campagne:c’était un démon sous sa figure. Pierron lui découvrit sa passion ; la prétendue jeune fille promit d’y répondre, s’il se livrait à elle et s’il jurait de lui obéir en toutes choses. Le pâtre ne refusa rien, et son abominable amour fut accueilli. — Peu de temps après, la jeune fille, ou le démon qui se faisait appeler Abrahel par son adorateur, lui demanda, comme gage d’attachement, qu’il lui sacrifiât son fils. Le pâtre reçut une pomme qu’il devait faire manger à l’enfant;

 
Abrahel
Abrahel
 
l’enfant, ayant mordu dans la pomme, tomba mort aussitôt. Le désespoir de la mère fit tant d’effet sur Pierron, qu’il courut à la recherche d’Abrahel pour en obtenir réconfort. Le démon promit de rendre la vie à l’enfant, si le père voulait lui demander cette grâce a genoux, en lui rendant le culte d’adoration qui n’est dû qu’à Dieu. Le pâtre se mit à genoux, adora, et aussitôt l’enfant rouvrit les yeux. On le frictionna, on le réchauffa ; il recommença à marcher et à parler. Il était le-même qu’auparavant, mais plus maigre, plus hâve, plus défait, les yeux battus et enfoncés, les mouvements plus pesants. Au bout d’un an, le démon qui l’animait l’abandonna avec un grand bruit, et l’enfant tomba à la renverse…

Cette histoire décousue et Incomplète se termine par ces mots, dans la narration de Nicolas Remy : « Le corps de l’enfant, d’une puanteur insupportable, fut tiré avec un croc hors de la maison de son père et enterré dans un champ. » — Il n’est plus question du démon succube ni du pâtre.

Absalon. On a écrit bien des choses supposées à propos de sa chevelure. Lepelletier, dans sa dissertation sur la grandeur de l’arche de Noé, dit que toutes les fois qu’on coupait les cheveux d’Absalon, on lui en ôtait trente onces…

Abstinence. On prétend, comme nous l’avons dit, qu’Abaris ne mangeait pas et que les magiciens habiles peuvent s’abstenir de manger et de boire.