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1501 ; on en a fait des éditions sous le titre de Fléau des démons et des sorciers (Niort, 1616). Cet ouvrage est divisé en quatre livres ; tout ce qu’ils contiennent de curieux est cité dans ce dictionnaire.

L’auteur définit le sorcier celui qui se pousse à quelque chose par des moyens diaboliques. Il démontre que les esprits peuvent s’associer et commercer avec les hommes. Il trace la différence d’humeur et de formes qui distingue les bons esprits des mauvais. Il parle des divinations que les démons opèrent, des prédictions licites ou illicites.

Dans le livre II, il recherche ce que c’est que la magie ; il fait voir qu’on peut évoquer les malins esprits, faire pacte avec le diable, être porté en corps au sabbat, avoir, au moyen des démons, des révélations par extase, se changer en loup-garou ; il termine par de longs récits qui prouvent que les sorciers ont pouvoir d’envoyer les maladies, stérilités, grêles et tempêtes, et de tuer les bêtes et les hommes.

Si le livre II traite des maux que peuvent faire les sorciers, on voit dans le livre III qu’il y a manière de les prévenir : qu’on peut obvier aux charmes et aux sorcelleries ; que les magiciens guérissent les malades frappés par d’autres magiciens. Il indique les moyens illicites d’empêcher les maléfices. Rien ne lui est étranger. Il assure que, par des tours de leur métier, les magiciens peuvent obtenir les faveurs des grands et de la fortune, les dignités, la beauté et les honneurs.

Dans le livre IV, il s’occupe de la manière de poursuivre les sorciers, de ce qui les fait reconnaître, des preuves qui établissent le crime de sorcellerie, des tortures, comme excellent moyen de faire avouer. Un long chapitre achève l’œuvre, sur les peines que méritent les sorciers. Il conclut à la mort cruelle ; et il dit qu’il y en a tant, que les juges ne suffiraient pas à les juger ni les bourreaux à les exécuter. « Aussi, ajoute-t-il, n’advient-il pas que de dix crimes il y en ait un puni par les juges, et ordinairement on ne voit que des bélîtres condamnés. Ceux qui ont des amis ou de l’argent échappent. »

L’auteur consacre ensuite une dissertation à réfuter Jean Wierus, sur ce qu’il avait dit que les sorciers sont le plus souvent des malades ou des fous, et qu’il ne fallait pas les brûler. — « Je lui répondrai, dit Bodin, pour la défense des juges, qu’il appelle bourreaux. »

L’auteur de la Démonomanie avoue que ces horreurs lui font dresser le poil en la tête, et il déclare qu’il faut exterminer les sorciers et ceux qui en ont pitié, et brûler les livres de Wierus[1].

Bodry. Voy. Revenants.

Boëce, l’un des plus illustres Bomains du sixième siècle, auteur des Consolations de la philosophie. Il s’amusait, dans ses moments de loisir, à faire des instruments de mathématiques, dont il envoya plusieurs pièces au roi Clotaire. Il avait construit des cadrans pour tous les aspects du soleil, et des clepsydres qui, quoique sans roues, sans poids et sans ressorts, marquaient aussi le cours du soleil, de la lune et des astres, au moyen d’une certaine quantité d’eau renfermée dans une boule d’étain qui tournait sans cesse, entraînée, dit-on, par sa propre pesanteur. C’était donc le mouvement perpétuel. Théodoric avait fait présent d’une de ces clepsydres à Gondebaud, roi des Bourguignons. Ces peuples s’imaginèrent que quelque divinité, renfermée dans cette machine, lui imprimait le mouvement:c’est là sans doute l’origine de l’erreur où sont tombés ceux qui l’ont accusé de magie. Ils en donnent pour preuves ses automates ; car on assure qu’il avait fait des taureaux qui mugissaient, des oiseaux qui criaient et des serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit[2] que ce n’est là que de la magie naturelle, c’est-à-dire de la mécanique.

Boehm (Jacob), né en 1575, dans la haute Lusace. De cordonnier qu’il était il se fit alchimiste, homme à extases et chef d’une secte qui eut le nom de boehmistes. Il publia, en 1612, un livre de visions et de rêveries, intitulé l’Aurore naissante, que l’on poursuivit. Il expliquait le système du monde par la philosophie hermétique, et présentait Dieu comme un alchimiste occupé à tout produire par distillation. Les écrits de cet illuminé, qui forment plus de cinquante volumes inintelligibles, ne sont pas connus en France, excepté ce que Saint-Martin en a traduit:l’Aurore naissante, les Trois principes et la Triple vie. Ce songe-creux était anthropomorphite[3] et manichéen ; il admettait pour deuxième principe du monde la colère divine ou le mal, qu’il faisait émaner du nez de Dieu. On recherche, parmi ses livres d’alchimie, son Miroir temporel de l’éternité, ou de la Signature des choses, traduit en français, in—8°, Francfort, 1669[4]. Ses doctrines philosophiques ont conservée des partisans en Allemagne.

Bœuf. Le bœuf de Moïse est un des dix animaux que Mahomet place dans son paradis.

  1. Joannis Bodini universœ naturœ theatrum, in quo rerum omnium effectrices causœ et fines contemplantur. In-8°. Lugduni, Roussin, 1596.
  2. Disquisition. magie, p. 40.
  3. Les anthropomorphites étaient des hérétiques qui donnaient à Dieu la forme humaine.
  4. On peut voir encore Jacobi Bœhmi, alias dicti