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est-ce le même que le Béruth de Sanchoniaton, que des doctes croient être Pallas ou Diane.

L’auteur du Solide trésor du Petit Albert conte de Bérith une aventure qui ferait croire que ce démon n’est plus qu’un follet ou lutin, si toutefois c’est le même Bérith.

Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.
Illustration du Dictionnaire infernal par Louis Le Breton.

« Je me suis trouvé, dit-il, dans un château où se manifestait un esprit familier qui depuis six ans avait pris soin de gouverner l’horloge et d’étriller les chevaux. Je fus curieux un matin d’examiner ce manège : mon étonnement fut grand de voir courir l’étrille sur la croupe du cheval, sans qu’elle parût conduite par aucune main visible. Le palefrenier me dit que, pour attirer ce farfadet à son service, il avait pris une petite poule noire, qu’il l’avait saignée dans un grand chemin croisé ; que de ce sang il avait écrit sur un morceau de papier : « Bérith fera ma besogne pendant vingt ans, et je le récompenserai ; » qu’ayant ensuite enterré la poule à un pied de profondeur, le même jour le farfadet avait pris soin de l’horloge et des chevaux, et que de temps en temps lui-même faisait des trouvailles qui lui valaient quelque chose… »

L’historien semble croire que ce lutin était une mandragore. Les cabalistes n’y voient autre chose qu’un sylphe.

Berkeley, savant irlandais, — supposé, nous l’espérons, — que M. Michel Masson a représenté comme voulant usurper la puissance divine et faire un géant haut, comme Og, de quinze pieds ; il séquestra pour cela un enfant, et au moyen d’un régime alimentaire habilement combiné, il fit grandir cet enfant, qui, en croissant prodigieusement, devint inerte et stupide. Le savant n’y prenait pas garde ; il voulait un géant, et il caressait l’espoir d’entendre dire un jour : Og, le roi de Bazan, est retrouvé. Le géant de Berkeley a quinze pieds ! Mais ce que Dieu ne veut pas n’a pas lieu. La victime du savant, ayant à peine atteint la moitié de la taille qu’on en attendait, s’éteignit épuisée à quinze ans.

Berna (Benedetto), sorcier qui, au rapport de Bodin et de quelques autres démonographes, avoua à l’âge de quatre-vingts ans qu’il avait eu des liaisons pendant quarante années avec un démon qu’il nommait Hermione ou Hermeline, et qu’il menait partout avec lui sans que personne l’aperçût:il s’entretenait fréquemment, dit-on, avec cet esprit qu’on ne voyait pas; de manière qu’on le prenait pour un fou (et ce n’était pas autre chose). Il confessa aussi avoir humé le sang de divers petits enfants, et fait plusieurs méchancetés exécrables. Pour ces faits atroces il fut brûlé.

Bernache ou Bernacle, voy. Macreuses.

Bernard. Cardan pense que la sorcellerie ne fut souvent qu’une espèce de maladie hypocondriaque, causée par la mauvaise nourriture des pauvres diables que l’on poursuivait comme sorciers. Il raconte que son père sauva un jour un paysan nommé Bernard, que l’on allait condamner à mort pour sorcellerie, en lui changeant sa façon ordinaire de vivre. Il lui donna le matin quatre œufs frais, et autant le soir avec de la viande et du vin ; le bonhomme perdit son humeur noire, n’eut plus de visions et évita le bûcher.

Bernard de Côme, inquisiteur de la foi au quinzième siècle, dit, dans son traité des stryges ou sorciers, que la sorcellerie était de son temps très-répandue. C’était la Vauderie.

Bernard (Samuel). Voy. Poule noire.

Bernard de Thuringe, ermite allemand qui vers le milieu du dixième siècle annonçait la fin du monde. Il appuyait son sentiment sur un passage de l’Apocalypse qui porte qu’après mille ans l’ancien serpent sera délié. Il prétendait que ce serpent était l’Antéchrist ; que par conséquent l’année 960 étant révolue, la venue de l’Anté-christ était prochaine. Il disait aussi que, quand le jour de l’annonciation de la sainte Vierge se rencontrerait avec le vendredi saint, ce serait une preuve certaine de la fin du monde ; cette prédiction a eu vainement des occasions de se vérifier[1].

Bernard le Trévisan, alchimiste du quinzième siècle, que quelques-uns croient avoir été sorcier, né à Padoue en 1406. Il a beaucoup travaillé sur le grand œuvre, et ses ouvrages inintelligibles sont recherchés des alchimistes ; ils roulent tous sur la pierre philosophale[2].

  1. Voyez, dans les Légendes des saintes images, l’Enfant de chœur de Notre-Dame du Puy.
  2. De philosophia hermetica, lib. IV. Strasbourg, 1567, 1682 ; Nuremberg, 1643. — Opus hisloricodogmatkum péri chymeias, cum J.-F. Pici libris tribus de auro. Urseltis, 1598. In-8°. — Tractatus de secrelissimo philosophorum opère chimico, et responsio adThomam de Bononia. Bâle, 1 600. — Opuscula chimica de lapide philosophorum, en français. An-