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le passé, qu’ils composaient des poudres mystérieuses avec lesquelles ils empoisonnaient certains pâturages et donnaient aux troupeaux des vertiges. Un boucher avait acheté des moutons sans donner le 44pourboire44 au berger de la ferme. Celui-ci se vengea ; en passant le pont qui se trouvait sur leur route, les moutons se ruèrent dans l’eau la tête la première.

On conte aussi qu’un certain berger avait fait


un sort avec la corne des pieds de ses bêtes, comme cela se pratique parmi eux pour conserver les troupeaux en santé. Il portait ce sort dans sa poche : un berger du voisinage parvint à le lui escamoter, et, comme il lui en voulait depuis longtemps, il mit le sort en poudre, et l’enterra dans une fourmilière avec une taupe, une grenouille verte et une queue de morue, en disant : 44Maudition, perdition, destruction !44 et au bout de neuf jours, il déterra son maléfice et le sema dans l’endroit où devait paître le troupeau de son voisin, qui fut détruit.

D’autres bergers, avec trois cailloux pris en différents cimetières et certaines paroles magiques, donnent des dyssenteries, envoient la gale à leurs ennemis, et font mourir autant d’animaux qu’ils souhaitent. C’est du moins l’opinion hasardée des gens du village. Quoique les bergers ne sachent pas lire, on craint si fort leur savoir et leur puissance, dans quelques hameaux, qu’on a soin de recommander aux voyageurs de ne pas les insulter, et de passer auprès d’eux sans leur demander quelle heure il est, quel temps il fera, ou telle autre chose semblable, si l’on ne veut avoir des nuées, être noyé par des orages, courir de grands périls, et se perdre dans les chemins les plus ouverts.

Il est bon de remarquer que, dans tous leurs

 
Bergers, voyageur, orage.
Bergers, voyageur, orage.
 


maléfices, les bergers emploient des Pater, des Ave, des neuvaines de chapelet. Mais ils ont d’autres oraisons et des prières pour la conservation des troupeaux. Voy. Troupeaux, et pour les bergers, voy. Hocque, etc.

Bergmaenlen, nains de la classe des esprits follets, qui fréquentent les fermiers de l’Oberland, et leur rendent de petits services.

Berith, duc aux enfers, grand et terrible. Il est connu sous trois noms ; quelques-uns le nomment Béal, les Juifs Bérith et les nécromanciens Bolfri. Il se montre sous les traits d’un jeune soldat habillé de rouge des pieds à la tête, monté sur un cheval de même couleur, portant la couronne au front ; il répond sur le passé, le présent et l’avenir. On le maîtrise par la vertu des anneaux magiques ; mais il ne faut pas oublier qu’il est souvent menteur. Il a le talent de changer tous les métaux en or : aussi on le regarde quelquefois comme le démon des alchimistes. Il donne des dignités et rend la voix des chanteurs claire et déliée. Vingt-six légions sont à ses ordres. C’était l’idole des Sichemites, et peut-être