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tiques, mais les siens propres, et celle qui s’accoutume à se voir à demi-nue s’habitue à n’avoir aucune honte de sa nudité, et se prépare par conséquent à la faire voir aux autres sans aucun scrupule. Il n’est pas nécessaire pour se rendre coupable qu’elle veuille plaire aux hommes en découvrant son sein, c’est assez qu’elle désire se plaire à elle-même, car puisque la complaisance qu’elle a pour sa beauté n’est pas d’une nature différente de celle qu’elle peut avoir pour la beauté des autres, elle n’est pas moins sensuelle et n’excite pas des mouvemens plus innocens.

XXXIX. De plus si ces filles et ces femmes n’exposent pas leur nudité à la vue des hommes, c’est seulement par accident, et j’ose dire que c’est apparemment contre leur intention. Car quelle apparence que le désir et l’habitude qu’elles ont de montrer leur gorge se perdent et s’évanouissent en pensant qu’un homme la doit voir, et au moment que cette habitude et ce désir doivent vraisemblablement se renouveler et s’augmenter. Quelle apparence qu’elles refusent l’occasion d’entendre louer leur sein dont elles sont charmées, et qu’elles ne découvrent que pour en conserver, augmenter, ou montrer la beauté. Quelle apparence enfin que celles qui ne peuvent se résoudre à avoir la