Page:Jacques Boileau - De l abus des nudites de gorge, Duquesne, 1857.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire, et elles ne peuvent être parfaitement chastes, si elles favorisent l’impureté en même temps qu’elles se glorifient de l’avoir en horreur. Ne sçavent-elles point par leur propre expérience que la beauté corporelle n’est propre qu’à réveiller en nous la concupiscence, qu’elle en excite et augmente facilement toutes les ardeurs, et pour parler le langage des pères, qu’elle nous invite à la volupté et nous provoque à l’amour deshonneste ; et ignorent-elles que leur propre beauté peut leur devenir aussi funeste en leur inspirant de la vanité, qu’à ceux à qui elle inspire de l’amour, car, qui pourra croire qu’une femme montre son sein afin qu’on la méprise ?

XXV. Il est donc vray qu’elles risquent leur innocence lorsque par la nudité de leur gorge elles tendent des piéges à l’innocence des autres : et quoy qu’elles puissent dire, il est certain qu’elles s’exposent à pécher par un mouvement d’orgueil ou d’impureté. Peut-être s’en trouvera-t-il quelques-unes qui par un bon heur particulier se garantiront de l’un et de l’autre de ces péchéz, mais elles ne s’exempteront pas du reproche de s’être témérairement exposées à les commettre. Et quand par impossible leur intention seroit bonne, et leur nudité de soy-même irrépréhensible, quand elles de-