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pas servir d’excuse au mal que nous faisons en le suivant, et il prouve seulement qu’en le suivant nous continuons à mal faire.

VII. Jésus Christ, dit Tertulien, ne s’est pas nommé la coutume mais la vérité, et nous pouvons dire que le monde ne se nomme pas la vérité mais la coutume. Il ne peut établir ses maximes que sur la coutume, parce qu’elles ne sont appuyées que sur l’erreur ; et Jésus Christ a établi ses loix sans le secours de la coutume, et contre l’autorité de la coutume, parce qu’elles sont fondées sur la vérité. Sur la vérité contre laquelle aucune coutume ne peut prescrire, laquelle les hommes et les démons peu vent attaquer mais non pas détruire, et à la quelle ni la longueur du temps ni l’autorité des personnes, ni la différence des lieux ne peuvent faire aucun préjudice. Tellement que comme nous ne pouvons sans crime quitter une coutume que la raison et la vérité ont introduite et autorisée, nous devons nous opposer à une coutume que la vérité et la raison condamnent ; autrement c’est moins approuver la coutume que l’erreur, c’est nous accoutumer à mal faire au lieu de diminuer notre faute, c’est augmenter le nombre des coupables en imitant ceux qui ont avant nous observé cette mauvaise coutume.