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XXIX. Elles se trompent ces femmes du siècle si elles s’imaginent tirer une véritable gloire de la beauté de leur gorge et de leurs bras qu’elles découvrent avec tant d’affeterie. Les plus libertins qui les nomment belles, les soubçonnent de n’être pas innocentes ; leur raison désaprouve souvent ce qui plaist à leurs yeux, et en même temps qu’ils louent le sein qu’on leur fait voir, ils méprisent ou condamnent celles qui le leur montrent. Lea hommes sages et judicieux qui scavent que la réputation d’une fille et d’une femme dépend principalement de sa retenue et de sa pudeur, s’étonnent que cette femme ou cette fille mondaine s’expose inconsidérement à perdre leur estime en tâchant de l’acquerir, et sont beaucoup plus surpris de son imprudence que de sa beauté. Les personnes pieuses et dévotes conçoivent de l’indignation à la vue de ces nuditéz, et sont contraints de refuser leur approbation à une mode si opposée à la piété et à l’esprit du Christianisme, à une mode que la religion déteste, que la raison blâme, et dont le libertinage même se moque en même temps qu’il l’autorise.

XXX. Je demanderois donc volontiers à ces filles et à ces femmes qui sont si soigneuses de montrer leur sein et leurs épaules : à qui pré-