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méprise celle du corps, et vous ne devez estimer que les choses qui plaisent à Jésus-Christ. Sçachez que cette beauté que l’on vous présente, si vous la regardez avec attention, salira votre ame et la rendra difforme ; ne croyez pas au raport que vous en font les yeux, mais croyez ce que vous en disent la raison et la foy, et appréhendez de vous perdre par où plusieurs personnes plus sages que vous se sont perdues.

XIX. Que les hommes donc tâchent de profiter de ces avis, et que les femmes scachent que ces instructions et ces conseils que l’on donne aux hommes sont pour elles de véritables reproches et de sévères repréhensions ; qu’elles scachent que si les hommes se mettent au hazard d’offenser Dieu en les regardant, elles l’offencent en effet en se présentant aux hommes d’une manière qui peut et qui doit vraysemblablement les tenter ou les scandaliser. En vérité lorsque l’Ecclésiastique nous avertit de ne point regarder une femme qui veut plaire à tout le monde, de peur que nous ne tombions dans ses pièges, ne peut-on pas dire qu’il accuse et qu’il blâme les femmes qui exposent aux yeux de tout le monde ce qu’elles ont de beau et de propre à se faire aimer, qu’il les blâme de blesser la pudeur et l’honnesteté qui leur sont naturelles, qu’il les accuse de