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EMPEREUR ET AVENTURIER

cida l’armée. Par‑dessus tout, Napoléon avait recommandé aux siens, quoi qu’il arrivât, de ne jamais tirer les premiers, certain d’être protégé par le sentiment populaire, par le souvenir des victoires et par l’horreur de verser le sang d’anciens compagnons d’armes.

Débarqué au golfe Juan le 1er mars, il est le 10 à Lyon, toujours accueilli par des : « À bas les prêtres ! À bas les nobles ! » et par la Marseillaise. Macdonald, résolu à ne pas le laisser passer, fut réduit à la même impuissance que le commandant du bataillon de La Mure. Les maréchaux, les conjurés de Fontainebleau doivent être, ils sont en effet, les plus ardents à prévenir son retour. Le froid Macdonald n’eut pourtant qu’à tourner bride.

Maître de la seconde ville de France, Napoléon a partie gagnée. « Madame et très chère amie, je suis remonté sur mon trône », écrit‑il à Marie‑Louise. Des garnisons qu’il a ramassées sur sa route, il a déjà formé une petite armée, grossie d’officiers en demi-solde, 14.000 hommes, plus qu’il n’en faut pour arriver à Paris sans accident. De Lyon, il date ses premiers décrets impériaux, prononce la dissolution des chambres royales, obligé toutefois à trop de promesses qui le gêneront et qu’il regrettera. Il convoque pour son retour à Paris, et en gage de sa conversion au libéralisme, une grande assemblée nationale, dite du Champ de Mai, bizarre idée, livresque, renouvelée des guerriers francs, souvenir de lecture revenu dans une bagarre. Ne pouvant plus évoquer son oncle Louis XVI, il renoue avec Pharamond, marié à la Convention et au Comité de salut public, sans toutefois négliger une précaution utile. Il ne faut pas qu’on dise que Napoléon, c’est la guerre. Le bruit est adroitement répandu que les puissances sont favorables au rétablissement de l’Empire, que les Anglais ont favorisé le retour de l’île d’Elbe et laissé passer exprès la flottille, que l’empereur d’Autriche protège son gendre. Au