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LES BOTTES DE 1793

des absences et les premiers signes de l’abandon.

Le succès, il va à la subtile manœuvre des Alliés, payés de leur constance, de la suite de leurs idées, habiles à discerner et à flatter la disposition des esprits. Séparer la France de son chef, laisser entendre qu’on est prêt à reconnaître les frontières naturelles mais en gardant les ambiguïtés, l’équivoque, de telle manière qu’on puisse toujours se rétracter, c’est le système de Prague qui continue, se développe et se perfectionne. « Napoléon comprendrait et dirait non ; l’opinion se méprendrait et condamnerait l’empereur. » Dans l’idée des Français, les Alliés ne pouvaient offrir qu’un retour aux traités de Lunéville et d’Amiens. On évitait de dissiper leur illusion. On évitait aussi de présenter des conditions précises. Des « bases » de discussion, pas même des préliminaires de paix — car les Alliés se gardaient bien de parler d’armistice — telles étaient en novembre 1813, les « ouvertures » de Francfort. Refus de s’expliquer sur le principal, c’est-à-dire sur l’étendue de territoire qui serait laissée à la France, obscurité voulue, tout devant dépendre des résultats de la guerre, les prétendues « bases » étaient essentiellement mobiles. De plus, entre les coalisés, le pacte de 1805 reprenait vigueur. Le consentement de l’Angleterre était toujours réservé et les « ouvertures » qui étaient faites à la France par la Russie, l’Autriche et la Prusse restaient « officiellement inconnues » aux Anglais. Napoléon, dit Soult, avait « percé la feinte de Metternich ». Il avait voulu des garanties avant de discuter les bases que l’Autrichien lui‑même avait soin d’appeler « générales et sommaires ». Telles quelles, on les recevait en France avec enthousiasme. On pressait l’empereur de dire oui tout de suite. Ce fut comme à Prague. Quand il eut dit oui, les Alliés exigèrent autre chose. Metternich répondit que les souverains devaient consulter le cabinet de Londres dont l’avis tenait dans cette instruction de Castlereagh à Aber-