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LE REFLUX ET LA DÉBÂCLE

vent dans les mêmes dispositions, qu’ils reprennent jusqu’aux mêmes textes, encore tout frais. En secret, l’Autriche, à son tour, prépare son adhésion au traité de Reichenbach. La méthode, qui se développera avec les succès militaires des Alliés, se dessine. Il faut d’abord que l’Autriche passe de l’état de médiatrice à l’état de belligérante. Au cours des pourparlers qui sont engagés depuis l’armistice, ou bien Napoléon repoussera les conditions de paix qui seront mises en avant, et l’Autriche sera fondée à se prononcer contre lui ; ou bien, ces conditions, il les acceptera, et d’autres seront aussitôt annoncées pour provoquer la rupture. En maintenant le principe que sa médiation est une médiation armée, l’Autriche justifie d’ailleurs ses préparatifs militaires tout en donnant à Napoléon des raisons de se méfier, ce qui conduit non moins sûrement à rompre. Dans la suite, à chaque étape, il ne s’agira que d’appliquer ce canevas diplomatique. Des propositions de paix honorables, modérées, seront faites à Napoléon par les trois souverains coalisés. S’il les repousse, on accusera son entêtement, son orgueil, sa folie. Il aura l’air d’avoir refusé les clauses d’une paix définitive, tandis que, s’il accepte, ce ne seront plus que des préliminaires doublés d’articles additionnels qu’on tient en réserve, sans compter que le tout restera soumis à l’agrément du gouvernement britannique Il s’agit de rejeter sur Napoléon toutes les responsabilités, de l’isoler en suggérant peu à peu aux Français l’idée que son abdication est le seul moyen d’obtenir la paix, une paix solide, raisonnable, honorable. Le but des coalisés, c’est pourtant la France ramenée à ses anciennes limites. Ils n’y ont jamais renoncé que par la défaite. Ils y reviennent avec la victoire. Seulement on se garde de le dire, de recommencer la faute de Brunswick en 1792, de provoquer les Français. La menace de les priver des frontières naturelles risquerait de refaire l’union autour de leur empereur. Alors on parlera