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NAPOLÉON

de l’autel par le serment de la régente dans un salon de l’Élysée, devant les ministres, les dignitaires et la cour. Les temps où tout réussissait, où l’on faisait « galoper » le pontife ne sont plus. Napoléon devra se passer de l’institution divine. Il reste les institutions humaines. « L’empereur en appelle à ses armes toujours victorieuses pour confondre ses ennemis et sauver l’Europe civilisée et ses souverains de l’anarchie qui les menace. » C’est la péroraison du premier discours qu’a récité la régente. Tout n’y est pas faux. Portant avec elles l’esprit de nationalité, les idées de la Révolution, qui effraient souvent Frédéric-Guillaume, sont un germe qui lève chez les Allemands. Napoléon aurait besoin, en France, de ranimer le patriotisme révolutionnaire. Et c’est lui qui devient le rempart des « souverains » plus dynastique que les représentants des vieilles dynasties, sans être encore au bout de ses métamorphoses et de ses incarnations.

La réconciliation avec le pape est manquée, les « affaires de la Chrétienté » ne sont pas « arrangées » la pacification religieuse, qui serait si importante, surtout en Belgique, n’est pas obtenue. Il est pourtant une chose dont Napoléon ne doute pas, ne veut pas douter, pas plus que, l’année d’avant, il n’admettait que l’alliance de Tilsit ne dût renaître, et c’est qu’il peut compter sur l’Autriche, sur ces rapports du sang qui lient les deux maisons impériales. Comme la Russie naguère, l’Autriche est maintenant la base de son système. Il croit, parce qu’il a besoin d’y croire, « à la religion, à la piété, à l’honneur » de son beau-père. Écartant tout ce qui rappelle l’effroyable échec de Moscou, il affecte un calme olympien. « En ce moment, dit Molé, on le voyait gouverner, administrer, s’occuper des moindres détails comme s’il n’eût conservé ni préoccupation ni souvenir. » Il organise et il rassure. Sous vingt formes diverses, il répète ce qu’il écrit à Lebrun : « Quant à l’Autri-