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NAPOLÉON

il a adressé au gouvernement britannique une offre de paix, la quatrième. Évacuation par les troupes anglaises et françaises de l’Espagne, du Portugal et de la Sicile ; l’intégrité de l’Espagne, du Portugal et de la Sicile ; l’intégrité de l’Espagne, avec une Constitution nationale, sera garantie, les Bragance rappelés à Lisbonne. Castlereagh laissa tomber ces propositions comme les autres. Si l’empereur a voulu attester que le cabinet de Londres était responsable « du sang qui pourrait couler encore », il montre un peu trop son désir d’être soulagé du côté où le bât le gêne. Dans son cœur, il a déjà renoncé à cette nuisible Espagne, à ce détestable Portugal. Il en parle avec ironie, avec amertume, comparant à ce qu’il va faire en Russie ce que ses lieutenants font là-bas. Marmont réclame des troupes, de l’argent, des vivres pour la péninsule. L’empereur répond à l’aide de camp du duc de Raguse : « Et moi qui vais m’enfoncer au milieu d’un pays qui ne produit rien. » Puis, comme s’il sortait d’une méditation profonde, comme s’il parlait pour lui-même devant cet officier : « Mais comment tout ceci finira-t-il ? »

Et le jour d’avant son départ, il fait ses dernières recommandations au préfet de police. Pasquier ne dissimule pas les dangers qu’il entrevoit, les conséquences d’un « mouvement insurrectionnel de quelque étendue », s’il vient à s’en produire un à cause de la cherté des vivres ou pour toute autre raison. L’empereur écoute, garde le silence, se promène de la fenêtre à la cheminée, les mains derrière le dos, « comme un homme qui réfléchit profondément ». Et « brusquement » il pense tout haut devant Pasquier de même qu’il avait pensé tout haut devant l’aide de camp de Marmont :

— C’est une difficulté de plus ajoutée à toutes celles que je dois rencontrer dans l’entreprise la plus grande, la plus difficile que j’aie encore tentée. Mais il faut bien achever ce qui est commencé. Adieu, monsieur le préfet.