Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
LE ROI DE ROME

répéter Friedland, Tilsit et 1807 avant de s’exposer lui‑même à une agression comme en 1805 et en 1806 et d’avoir à recommencer Austerlitz et Iéna.

À l’alliance russe, Napoléon avait sacrifié la Suède, la Turquie, la Pologne, anciennes amies de la France. Alexandre y avait gagné la Finlande, les provinces moldo-valaques, l’engagement que l’indépendance polonaise ne serait pas rétablie. Et maintenant, les mains pleines, Alexandre menace. Il y avait de quoi douter de l’ouvrage de Tilsit, et pourtant Napoléon emploie tout l’été de 1811 à négocier. Il faut dire et redire à Saint-Pétersbourg que, seuls, les préparatifs de la Russie obligent la France à se mettre sur le pied de guerre. Si ces armements sont la suite d’un malentendu, que le tsar s’explique, la paix durera. La Russie a armé en secret ; la France a armé publiquement et lorsque la Russie était prête. Qui viole l’alliance ? La Russie. Cent cinquante bâtiments portant pavillon américain, en réalité anglais, viennent encore d’entrer dans les ports russes. « Faites comprendre à Lauriston que je désire la paix et qu’il est bien temps que tout cela finisse promptement. » Le conflit armé sera la dernière ressource. L’empereur ne dissimule pas à ceux qui l’approchent qu’il en est « contrarié au dernier point » et que celui qui lui épargnerait cette guerre lui rendrait un grand service. Mais sa pensée s’y habitue comme à une chose inévitable, et, par les forces imposantes qu’il possède encore, par l’organisation de l’immense armée qu’il prépare, par les mesures qu’il prend dans toutes les parties de son empire, il s’entretient davantage dans l’idée qu’Alexandre effrayé cédera à l’approche de ces légions et qu’en mettant tout au pis une seule bataille suffira à renouer l’amitié des deux plus grands souverains du siècle.

Cependant Alexandre avait écrit confidentiellement au roi de Prusse, dès le mois de mai : « Le système qui a rendu victorieux Wellington en