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LE GENDRE DES CÉSARS

fiance. Des ancres, il en a jeté de toutes parts. Il lui semble, chose essentielle, qu’il n’a plus de coalition à redouter. Maintenant qu’il a les mains libres, qu’il dispose de toutes ses forces, l’Espagne sera soumise. Ce n’est plus qu’une affaire de temps. Il recommence à croire à la paix générale par le désistement de l’Angleterre. Ne se convaincra‑t‑elle pas qu’un compromis serait profitable autant qu’est vaine la continuation de la lutte ? Dans la mesure où il le peut, puisque l’état de guerre dure toujours avec les Anglais, il donne des preuves de ce qui est, à ses propres yeux, esprit d’entente, bonne volonté, modération. Il retire des troupes d’Allemagne, n’y laissant que deux divisions, l’une pour occuper Brême, Hambourg, Lübeck, Dantzig, ce qui est indispensable au maintien du blocus continental, son arme essentielle ; l’autre, en Westphalie, pour surveiller la Prusse, la moins sûre des puissances, restée suspecte par son agression de 1806. Pourtant Napoléon ne veut pas qu’on lui prête l’idée absurde de garder toutes ses conquêtes. Ce sont des « effets négociables ». Il traitera avec sa carte de guerre, comme l’Angleterre avec la sienne, faite d’une grande rafle de colonies qui ne sont pas seulement celles de la France, mais d’autres pays, de la Hollande en particulier. Il renouvelle prudemment, sans papiers écrits qui pourraient tout gâter, des avances au gouvernement britannique. Le banquier Labouchère, intermédiaire souvent employé par Louis, est autorisé à « porter des paroles » à Londres. « Nul doute qu’aucune circonstance n’est plus favorable à la paix si l’Angleterre est le moindrement disposée à la faire sur le pied d’une parfaite égalité et indépendance. »

Voilà où on ne s’entend plus, où l’on ne s’entendra jamais. L’égalité, l’indépendance, c’est pour Napoléon le droit de laisser hors de la discussion ce qui, pour les Anglais, est l’objet même du conflit. À tout ce qu’eût rendu l’empereur « pour le ré-