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LE REDRESSEMENT DE WAGRAM

ment jusqu’à la Turquie une ligne côtière ininterrompue. Et ce n’est plus un chemin vers l’Orient pour le « grand objet » dont la réalisation, toujours différée, sort des pensées de Napoléon depuis que languit l’alliance russe. Ce sont des douanes, une défense de plus contre l’entrée en Europe des marchandises britanniques, un verrou ajouté au blocus.

Pendant ces pourparlers, difficiles parce que l’Autriche espère toujours quelque accident, quelque diversion qui lui épargneront de nouveaux sacrifices, les Anglais évacuent Walcheren, l’insurrection éprouve des échecs en Espagne. L’Autriche, aux dépens de qui l’armée française « boit et mange » et que l’occupation ruine, devient plus traitable. Dès qu’il se sent maître de la négociation, Napoléon change de langage lui aussi et, comme par une inspiration subite, découvre la pensée qui lui a traversé l’esprit. Que la France et l’Autriche soient donc amies, qu’elles s’unissent pour la conservation de la paix.

Dans quel cercle tourne la politique de Napoléon ! Il lui faut des alliés sur le continent. Il cherche à les gagner par un procédé qui est toujours le même. Après Friedland, l’alliance russe. Maintenant, l’alliance russe est fêlée. Napoléon a cessé d’écrire à Alexandre parce qu’il ne peut plus « lui témoigner une confiance qu’il n’éprouve plus ». Par un Tilsit autrichien, Wagram devra lui procurer l’alliance de l’Autriche. Si l’Europe n’est pas fédérée par une extrémité, elle le sera par l’autre et, même, l’alliance autrichienne répondra de l’alliance russe. Elle sera un point d’appui et un moyen de consolidation.

Car tout conseille à Napoléon de consolider, de mettre des amarres, de « jeter des ancres ». La veille de la signature de cette nouvelle paix, voici un symptôme encore inconnu, une vue qui s’ouvre sur d’étranges profondeurs. Pendant une parade, à Schœnbrunn, un jeune Allemand, un étudiant, s’est