Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
L’ÉPÉE DE FRÉDÉRIC

il se sert du clergé, où il se montre toujours plus favorable aux évêques de l’ancien régime. C’est l’année où le calendrier républicain est aboli, où la fête de la Saint‑Napoléon est instituée le 15 août, jour de l’Assomption (on a fini par trouver un Neapolis ou Neapolas, confesseur et martyr sous Dioclétien, qui sera le saint nouveau). C’est l’année où il est interdit à l’astronome Jérôme Lalande, athée, de publier ses ouvrages, où, en revanche, paraît le catéchisme impérial, copié sur celui de Meaux, avec cette différence que Bossuet ne parlait pas des devoirs envers Louis XIV, mais seulement envers les rois, qu’il mettait après les pasteurs, tandis que, maintenant, le quatrième commandement édicte les devoirs du chrétien « envers Napoléon Ier, notre empereur », à qui sont dus au nom de Dieu l’impôt et la conscription. Dans ce catéchisme, la formule « hors de l’Église point de salut », d’abord supprimée par l’homme du XVIIIe siècle, en vertu de la politique de fusion et de tolérance, reparaît sur les instances de l’épiscopat. Et ces détails ne sont pas inutiles pour comprendre que tout ce qui réussissait naguère au Bonaparte conciliateur de l’ancienne France et de la nouvelle commence à se gâter. Faire des concessions à l’Église au‑dedans, entrer en lutte avec elle au‑dehors, à la longue, la position sera intenable. Napoléon, d’intelligence toute politique, rencontre avec surprise cet obstacle imprévu, la conscience de Pie VII, où bientôt trouveront un encouragement, un exemple, un cri de guerre, des peuples catholiques dressés contre lui par la force d’événements auxquels il ne commandera pas davantage, emporté qu’il sera par le cours des choses.

Et la déclaration de guerre de la Prusse, qui survient sur ces entrefaites, c’est déjà un rebondissement, gros de conséquences, qui échappe à sa volonté. Il n’est que trop clair, trop sûr que Napoléon voit avec regret se rompre cette alliance prussienne qu’il