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L’ILLUSION D’AMIENS

annexions qu’il a reçues de la République en fidéi-commis et qu’il est résolu comme elle à n’abandonner jamais. Déjà, en 1801, aux réceptions qui ont suivi la paix de Lunéville, il a dit à la députation belge : « Depuis le traité de Campo-Formio, les Belges sont Français comme le sont les Normands, les Alsaciens, les Languedociens, les Bourguignons. Dans la guerre qui a suivi ce traité, les armées ont éprouvé quelques revers ; mais quand même l’ennemi aurait eu son quartier général au faubourg Saint-Antoine, le peuple français n’aurait jamais ni cédé ses droits ni renoncé à la réunion de la Belgique. »

C’était un serment. Ce sera celui du sacre. Napoléon le tiendra, même quand l’ennemi sera aux portes de Paris. L’histoire de l’Empire est celle de la lutte pour la conservation de la Belgique, et la France ne pouvait conserver la Belgique sans avoir subjugué l’Europe pour faire capituler l’Angleterre. Ici encore tout s’enchaîne. Mais, avec la rupture du traité d’Amiens, la grande illusion de la paix se dissipe. Le « lion endormi » est tiré de son rêve. La poursuite de l’impossible recommence.