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de troupes régulières, Louis II comprit que la résistance était inutile. Il licencia ses gendarmes, ses sapeurs-pompiers, ses fidèles montagnards, et, résigné, il attendit les événements. Il repoussa même l’idée de passer sur le territoire autrichien, quoique Dürckheim se portât garant du succès, et que la frontière fût toute voisine du château.

Cependant, à Munich, on était résolu à agir et à interner Louis II au plus vite, brutalement même, sans prendre les formes qu’on avait employées la première fois. Plus de déposition notifiée par une ambassade de hauts dignitaires. Le coup d’État se transformerait en opération de police et d’infirmerie. Un médecin escorté d’infirmiers s’emparerait de la personne de Louis II par stratagème ou par force et conduirait le roi sous bonne escorte au château de Berg. On avait préféré cette résidence à Linderhof, parce que, d’abord, Berg est beaucoup plus près de la capitale, plus facile à surveiller, et puis parce qu’on supposait, assez bizarrement, que la simplicité de ce pavillon exercerait sur Louis II, considéré comme une espèce de Sardanapale, une bienfaisante influence.

Mais on n’avait pas pensé à tout. À Berg, il y a un lac. Et ce lac devait apporter au royal prisonnier sa délivrance par la fuite ou par la mort.

Le 11 juin, le Dr Gudden, accompagné du Dr Müller et de quelques aides, partait pour Neuschwanstein. Cette fois, protégés par des gendarmes, ils purent entrer sans difficultés dans le château. Personne n’en défendait plus l’entrée. Se sentant trahi, abandonné, Louis II avait renvoyé ses derniers défenseurs, leur avait interdit de se compromettre pour sa cause. Il semble qu’à partir de ce moment il songe au