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Je répondis télégraphiquement au comte Dürckheim : Sa Majesté doit se rendre aussitôt à Munich, se montrer à son peuple et défendre personnellement sa cause devant le Parlement bavarois.

« Je me disais : en effet ou bien le roi est parfaitement sain d’esprit, dans ce cas, il suivra mon conseil ou bien il est réellement fou, et alors il ne réussira pas à vaincre sa répugnance à paraître en public. »

La seconde proposition du dilemme n’était peut-être pas tout à fait juste. En admettant même que Louis II eût possédé la force morale et la volonté nécessaires pour accomplir un tel effort, le moment était-il bien choisi pour rentrer dans sa capitale, où il n’avait plus paru depuis si longtemps ? Toutefois, il mit à profit le conseil de Bismarck. Il se montra aux habitants des environs de Neuschwanstein, causant même affablement avec eux. On le vit priant au calvaire de Hohenschwangau. Le Dr Gerster a raconté que, chargé, dans les premiers jours de juin, de se rendre compte de l’état mental du souverain, il avait été reçu sur-le-champ et qu’il s’était entretenu avec le roi, pendant près de quatre heures, sans qu’il eût remarqué aucun symptôme fâcheux ni dans l’attitude ni dans la conversation de Louis II. Ainsi, jusqu’au dernier moment, des incertitudes persistaient sur la légitimité des mesures qu’on allait prendre contre lui. Mais rien ne pouvait plus faire revenir les conjurés de Munich sur leur décision.

Après avoir soupé et couché à Hohenschwangau, la Commission, en grande tenue, se rendit au petit jour à Neuschwanstein, distant d’environ un kilomètre. Ce matin-là, on devait afficher, dans toute la Bavière, la proclamation du prince Luitpold, en même temps que la Gazette universelle publierait le texte des dispositions arrêtées par le ministère. On comptait donc que tout serait fini dans l’espace d’une journée.