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M. de Riedel. Celui-ci, en 1884, après une étude consciencieuse de la situation, s’était chargé de négocier pour le roi un emprunt de sept millions et demi de marks. Mais, en août 1885, Louis redemandait six millions encore. C’était trop. Le ministre répondit qu’il ne pouvait prendre sous sa responsabilité une affaire aussi grave, et il offrit sa démission. Le roi eut le bon sens de ne pas l’accepter. Il ne s’en livra pas moins à de furieuses colères, parlant de se suicider ou d’abdiquer.

La colère de Louis II contre ses créanciers, contre la Chambre et les ministres parcimonieux, eut des échos qui parvinrent à Munich et dont l’effet fut déplorable pour le roi. À la vérité, l’héritier des Wittelsbach passait à ce moment par les ennuis d’un homme couvert de dettes, harcelé par les usuriers, et, quand il parlait de faire jeter l’huissier de Hohenschwangau à la rivière avec tous les gens de loi, il n’y avait pas besoin de supposer qu’il eût perdu la raison pour expliquer cette manifestation de mauvaise humeur.

Les quatre premiers mois de l’année 1886 furent employés par Louis II à de vaines tentatives en vue de déjouer ses créanciers et de se procurer de nouveau de l’argent. Craignant qu’on n’opérât une saisie dans ses châteaux, il demanda au ministre de l’Intérieur que tous les biens royaux fussent déclarés insaisissables. Le ministre répondit que, pour l’honneur de la Couronne, il n’oserait pas même soumettre à la Chambre un pareil projet. Louis II eut alors l’idée de s’adresser à ses frères les monarques d’Europe, pour trouver les ressources qui lui manquaient. Les portes des palais auxquelles il frappa ne s’ouvrirent point, et le malheureux prodigue ne recueillit partout que des refus polis.

Un scandale d’argent éclaboussant le trône était prochain. En avril, la Chambre avait repoussé les crédits demandés