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ne se fit à l’intérieur comme à l’extérieur du royaume qu’il n’eût pris part à la décision. Jamais, au temps même où il était le mieux servi par ses plus grands ministres, un Colbert, un Louvois, un Lionne, il ne consentit à leur laisser une entière liberté, c’est-à-dire à laisser renaître le « ministériat » dont les Français n’avaient plus voulu. Jusqu’à la fin il intervint de par sa volonté souveraine, comme il se l’était juré dès sa vingtième année.

On dit et l’on répète en toute circonstance qu’avant de mourir il s’est accusé d’avoir trop aimé la guerre. Mais nous n’avons jamais obtenu de réponse quand nous avons demandé à ceux qui triomphent contre Louis XIV de ce scrupule : « Voulez-vous rendre Lille, Strasbourg et Besançon ? »

Maintenant profilons la suite. Louis XV, mieux connu aujourd’hui, mieux jugé par ses nouveaux biographes (voir en particulier le livre de Pierre Gaxotte) Louis XV continue de son mieux, — c’était l’avis de Voltaire, — le siècle et la pensée de Louis XIV. Il ne pèche pas par défaut d’intelligence mais par défaut de caractère. Il voit juste et n’a pas assez de volonté pour imposer ses vues. Pourtant, il sévit contre les Parlements frondeurs. Il refuse de convoquer les États-généraux ce qui serait, disait-il prophéti-