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enfin s’y résoudre. D’abord battu, puis victorieux, grâce à l’exacte appréciation qu’il avait faite des moyens nécessaires pour vaincre, il mourut non sans avoir eu à se défendre d’une dernière conjuration intérieure du genre de celles qui avaient usé plus de la moitié de sa vie. Du moins, il emportait dans la tombe la certitude que son œuvre lui survivrait.

En dix-huit ans de dictature appuyée sur l’autorité royale, Richelieu avait jeté les fondements de l’État moderne. Il savait que tout n’était pas fait, que tout n’avait pu l’être. Mais avec sa connaissance des choses, il pouvait mesurer au chemin parcouru, qu’il ouvrait à ses successeurs toutes les possibilités. Un personnel bien recruté et docile, des féodaux matés, un exemple laissé, des usages restaurés, un état d’esprit créé du haut en bas de l’échelle sociale, une administration enfin habituée à ne pas badiner avec le service public, allaient rendre possible l’épanouissement de cette grandeur française à laquelle il avait tout sacrifié. Tels furent, on s’accorde aujourd’hui à le reconnaître, les fruits de la dictature ministérielle de Richelieu.

Et après lui ? Il y avait encore un roi mineur, une régente. On essaya de continuer le système du cardinal français avec un cardinal d’origine italienne, tout simplement parce qu’il se trouvait