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l’unité de la nation française ne pouvait être sauvée que par une poigne de fer. Le génie de la France voulut que Louis XIII comprît qu’il n’aurait pas, seul, la force nécessaire et que, passant sur ses préférences, il s’en remît au cardinal de Richelieu qu’il n’aimait guère mais dont il avait mesuré l’énergie.

Le gouvernement de Richelieu fut une véritable dictature. Son originalité — et sa force — furent de s’appuyer presque exclusivement sur l’idée monarchique et nationale, au sens où on l’entend aujourd’hui et de tout subordonner à la grandeur du Roi, incarnation du pays. Tous les actes du cardinal obéirent à cette idée directrice.

Dramaturges et romanciers ont défiguré à plaisir Louis XIII et son ministre, donnant à l’un les traits d’un niais sournois et timoré, à l’autre ceux d’une sorte de maniaque cruel du despotisme. La vérité est différente. Certes, Louis XIII n’était pas un prince aussi brillant que son père et son fils. Mais il a prouvé qu’il possédait de solides vertus d’intelligence en ne ménageant pas son appui au ministre qui le servait si bien et en le protégeant contre une opposition qui liguait contre l’œuvre entreprise les deux reines, les princes, la noblesse et une bonne moitié du pays.

Cette tâche, Richelieu l’avait définie dès son