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assemblées. Cromwell tend déjà à laisser croire que la dictature est un phénomène qui accompagne les révolutions, la démocratie et le système parlementaire.

Au XVIIe siècle, en Angleterre, les Stuarts avaient voulu copier la monarchie française. Mais Charles Ier n’était pas Louis XIII, Buckingham n’était pas Richelieu, et les Anglais n’étaient pas les Français.

Le roi et son favori, à côté de grandes qualités de noblesse, de générosité, d’amour réel du pays, montrèrent un goût du faste, des manières brillantes et cavalières qui, parce qu’il fallait beaucoup d’argent pour les soutenir, irritaient les marchands anglais devenus l’élément le plus riche et le plus puissant de la nation. À cette cause de mésentente entre le roi et les bourgeois s’ajoutait une cause religieuse.

La religion d’État était la Haute-Église, très voisine du catholicisme, que les marchands de la Cité, chez qui la fortune développait en même temps le goût de l’indépendance et de l’argent, trouvaient détestable à cause de son principe d’autorité et de sa liturgie dispendieuse.

La raison avouée n’était pas celle-là, mais bien la « corruption romaine » et le « papisme » dont les puritains se plaignaient en se voilant la face. Pourtant leur corruption à eux était plus