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que je veux et où je vais. Je donnerai au pays tous les éléments nécessaires pour apprécier au fur et à mesure la situation. Que le pays discute, que le pays étudie, que le pays fasse des représentations, mais que le pays obéisse lorsque j’ordonnerai. » Il ajoute qu’il n’a personnellement aucun goût du pouvoir, qu’il l’accepte pour rendre service au Portugal, mais que si on l’entrave dans ses devoirs, il retournera immédiatement à Coïmbra et à ses études.

C’était aussi net que bref. Ce professeur avait parlé en véritable homme d’État. On en passa par où il voulait.

Mais Salazar, à la différence des autres, avait une doctrine. Il a été fortement influencé par les idées de Charles Maurras[1]. Il a déclaré lui devoir la notion du « Politique d’abord », l’idée de l’État fort, la distinction entre la démophilie et la démocratie. « C’est parce que nous aimons le peuple, dit Salazar, que nous ne voulons pas,

  1. C’est ici le lieu de signaler l’influence des écrivains français sur les révolutions de l’Europe moderne. Mussolini lui non plus, n’ignore pas la pensée de Charles Maurras. Lénine fut illuminé par les Réflexions sur la violence, de Georges Sorel. Les Jeunes Turcs ont emprunté à l’Introduction à l’histoire de l’Asie, de Léon Cahun, leur conception d’une Turquie distincte du monde arabe et séparée de l’Islam. Enfin, le racisme hitlérien vient tout droit de Gobineau.