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était provisoire. Il aurait pu lui reprocher surtout, car c’en fut peut-être la plus grande faiblesse, de n’avoir pas su prendre d’appui sur le sentiment national, d’avoir été trop matérielle. Les pouvoirs forts de notre temps, ceux que porte la vague populaire, sont nationalistes, chose dont l’Espagne, du moins à ce moment-là, était à peu près incapable.

Du reste, Primo était un Andalou, avec les qualités et les défauts de son pays. Charme, intelligence, esprit, adresse indéniables étaient contre-balancés par une légèreté, une désinvolture, un scepticisme qui ne sont pas le fait d’un homme d’État condamné à tenir la barre. Il ressemblait un peu à ces toreros de sa province qui, la corrida terminée, ne songent plus qu’à l’amour.

Très caballero au sens castillan du mot, il se montra encore un peu trop « cavalier » au sens français. Il avait la plume aussi facile que la parole, et comme il rédigeait lui-même articles de journaux, notes officielles et décrets, à la hussarde, sans se relire, cette facilité n’alla point sans quelques inconvénients.

C’était un militaire, avec les qualités et les défauts de son état. Le courage, l’honneur, la loyauté, la probité, la droiture… On pourrait lui appliquer tous les termes qui conviennent à un