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La lutte pour le chapeau est peut-être la plus difficile qu’il ait menée. Les musulmans ne se découvrent pas dans les mosquées : le fez sans rebord permet de s’incliner front contre terre et n’est jamais gênant. Par de nombreux discours, Mustapha fit campagne pour « la tenue internationale des peuples civilisés » ; la ville de Brousse, dans un élan d’enthousiasme, abjura le fez et, ne possédant pas de chapeau, décida de vivre tête nue en attendant les stocks. À Erzeroum, au contraire, il y eut des révoltes. Peu à peu, tout s’apaisa. Les Turcs consentirent à vivre tête nue devant Dieu et leurs supérieurs, et à porter le chapeau dans la rue.

En même temps, Mustapha abolit le petché et le tchartchaff, c’est-à-dire la robe turque et le voile qui couvre le visage des femmes. Depuis longtemps déjà, on luttait pour l’émancipation de la femme musulmane. L’exemple vint des républiques soviétiques du Caucase, peuplées de musulmans, et en particulier de la République d’Azerbeidjan, qui fut deux ans indépendante et qui revendiqua la gloire d’être la première république islamique. Elle avait donné le droit de vote aux femmes. Mustapha ne le leur a pas encore accordé. Mais il a supprimé, dans les salles de spectacles, dans les trains, la séparation des deux sexes ; il a autorisé et encouragé