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s’affranchir de l’effroyable tyrannie des partis et des luttes entre les différents éléments ethniques et sociaux, un moyen de salut. Ce moyen, c’est la dictature. Sans dictature, il n’y a que guerre civile et anarchie.

Le penseur le plus profond de l’Amérique du Sud, Simon Bolivar, alors que tout le monde autour de lui croyait encore aux doctrines du XVIIIe siècle, alors que les disciples de Rousseau croyaient « qu’on fait un peuple comme on fait une serrure » et que « les sociétés sont dans les mains du législateur comme l’argile dans celles du potier », Simon Bolivar pensa qu’il fallait adapter les Constitutions aux caractères nationaux.

Les seules dictatures qui aient réussi, dans l’Amérique latine, sont celles qui ont pu durer, qui ont eu la force pour elles et qui se sont montrées à la fois paternelles et solides. Elles sont presque toujours d’origine populaire. Un Paez, un Rosas, un Castilla sortent des pampas. Ils se révèlent vite comme des hommes d’État, peu gênés par des conceptions morales. Malgré leurs excès, c’est grâce à eux que des nations trop jeunes, sans cesse agitées, ont pu se former et se perpétuer. L’histoire romanesque des pires d’entre eux contient des détails qui font frémir. Ils ont gardé les peuples comme ils