Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Par ailleurs, Francia était un homme assez âgé (il avait alors cinquante-neuf ans), très instruit, et qui avait failli être prêtre. Généreux de ses deniers, avare des ressources publiques, il n’aimait point l’Église, à laquelle il avait failli appartenir. Cependant il lui emprunta le principe d’isolement qui avait été celui des Jésuites.

En fait, il maintint la paix et l’ordre, ce qui, dans ce continent, est un chef-d’œuvre assez rare pour réclamer notre admiration. Il fit faire de grands progrès à l’industrie et organisa l’échange et le commerce des produits agricoles au bénéfice de l’État. Comme l’isolement total était peu favorable au commerce, il ne tarda pas à se départir de sa sévérité primitive. Mais il conserva un droit de regard sur toute transaction publique et privée. C’était un système économique un peu étrange.

Francia perça des routes, mit en état la défense des villes, fonda un port militaire, organisa l’armée et se donna une forte garde personnelle, car il craignait pour sa vie. Il vivait avec son barbier, comme le Louis XI de la légende, et quatre esclaves. À soixante-dix ans, il épousa une jeune Française.

Généralement vêtu d’un habit galonné et taillé, pensait-il sur le modèle de celui de Bonaparte, ce vieil homme fit régner sur le Paraguay