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on s’approchait de leurs paniers, on y trouvait des têtes fraîchement coupées, celles de rebelles condamnés à mort la veille.

Rosas finit par tomber devant une insurrection des provinces, soutenues par le Brésil. Après une lutte brève mais acharnée, il s’enfuit sur un vaisseau anglais et se réfugia en Irlande avec sa fille. Quoiqu’il ait toujours revendiqué le titre de fédéraliste, il n’avait guère tenu compte du droit des provinces. Buenos-Ayres eut désormais dans la politique argentine la part prépondérante, et Rosas n’a pas peu contribué à faire du grand port ce qu’il est devenu. Mais son pouvoir réellement despotique et ses méthodes de répression impitoyable avaient lassé ses administrés. L’étranger s’en mêla et on oublia ce qu’on lui devait.

Par la suite, de guerre civile en guerre étrangère, l’Argentine a eu la destinée commune des peuples de l’Amérique du Sud, malgré son exceptionnelle fortune commerciale. C’est-à-dire que des candillos plus ou moins éphémères s’y sont succédé avec rapidité et que le pays n’a pu trouver la paix véritable que lorsque le gouvernement était suffisamment stable. Ainsi le général Julio Roca, pendant trente ans, fut le véritable arbitre de la politique nationale. Il mit en pratique la loi bolivarienne au point de nommer