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LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE

La République Argentine, après les querelles entre fédéralistes et unitaires qui suivirent aussitôt la proclamation de son indépendance, ne tarda pas à connaître, elle aussi, la dictature toute puissante d’un candillo, servi par une bande de gauchos racolés dans la plaine et prêts à tout, le célèbre Don Juan Manuel Ortiz de Rosas.

C’est le plus original des dictateurs de l’Amérique latine. Ce n’en fut pas le plus doux.

Il avait trente-cinq ans en 1828, lorsqu’on commença à parler de lui, et il avait passé toute sa vie dans les domaines de sa famille, parmi les gardiens de troupeaux. En 1820, il avait déjà entraîné ses hommes au secours des unitaires ; en 1827, il soulevait ses paysans pour les fédéralistes. En 1829, il était nommé gouverneur et capitaine général de Buenos-Ayres. En prenant le pouvoir, il déclara :

— Vous m’avez choisi pour gouverner selon ma science et ma conscience, j’obéis. Ma convic-