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reconnaissent, et Simon Bolivar lui-même avouait dans ses lettres privées qu’il avait eu beaucoup de mal, pour les besoins de la propagande, à déguiser une vaste guerre civile en guerre contre l’étranger. Pendant tout le temps des combats, l’Espagne n’envoya pas plus de quinze mille hommes en Amérique. Il fallait donc, pour prolonger la bataille, qu’un grand nombre de colonisés fût sincèrement royaliste. On en convient seulement aujourd’hui.

C’est l’entrée à Madrid de Joseph Bonaparte qui, comme au Mexique, donna le signal du soulèvement. On prit les armes pour Ferdinand VII. Bientôt les rivalités particulières s’en mêlèrent, et des députés de province, réunis à Caracas, proclamèrent le 5 juillet 1811 l’indépendance du Venezuela, première république. Et quelle République ! C’est ce que nous verrons tout à l’heure. Peu à peu, l’insurrection gagna les autres pays, le Chili, le Pérou, l’actuelle Argentine. Des hordes parcoururent bientôt les villes et les campagnes ; les curés de village, excités par les exemples mexicains, soulevèrent les Indiens et les noirs. L’Espagne, dévorée de luttes intérieures, ne sut pas agir à temps. Il est vrai que bientôt elle allait se heurter à un homme de grande envergure, au véritable héros de l’Amé-