Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout fut préparé pour donner le change. La veille du coup d’État, anniversaire d’Austerlitz, le prince-président donnait une soirée à l’Élysée. Ni Morny, ni Persigny n’y parurent. Ils n’arrivèrent que sur le tard, lorsque les derniers visiteurs furent partis. Le prince distribua les rôles, chargea Morny de l’Intérieur, donna à Persigny mission d’occuper le Palais-Bourbon, au général de Saint-Arnaud d’organiser l’état de siège, à M. de Maupas d’arrêter quelques personnalités gênantes : Cavaignac et Thiers entre autres.

Le lendemain matin, Louis-Napoléon sortit à cheval, accompagné de Saint-Arnaud et du vieux roi Jérôme, le frère de Napoléon, avec lequel il venait de se réconcilier. Il traversa Paris, revint à la présidence, acclamé à peu près partout. On lui annonça qu’on avait enfermé à la caserne d’Orsay deux cent vingt députés. La résistance légale avait été nulle. Le lendemain, les députés de la gauche tentèrent d’organiser des barricades. La répression fut assez dure, et « l’opération de police un peu rude » dont on a parlé plus tard menaça un instant de mal tourner. Certains départements se rebellèrent.

Saint-Arnaud, Persigny et Morny donnèrent alors des ordres sévères ; on mit en état de siège trente-deux départements, on arrêta cent mille