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aux légendes, aux poèmes, à Hugo, à Béranger, la légende napoléonienne était prête. Un frêle archiduc autrichien — le Fils de l’Homme — était mort à vingt ans. Qui allait porter les espoirs des bonapartistes ?

D’après les règles établies par Napoléon lui-même, c’était au fils aîné de Louis et d’Hortense que devait aller la couronne. Avec son frère, le jeune Napoléon s’enthousiasmait pour les idées nouvelles, tentait peut-être de chercher un trône en Italie. Tous deux devenaient carbonari, conspiraient contre le pape. En 1831, l’insurrection des Romagnes faillit réussir, mais l’aîné fut tué d’une balle au cœur dans les Apennins. Son frère Louis devenait l’héritier de l’Empire.

Ce n’était qu’un jeune homme doux et rêveur, admirateur éperdu du fondateur de la dynastie, et peut-être assez peu apte à recueillir l’héritage. Heureusement, il y avait sa mère. Le cardinal Consalvi avait dit un jour au pape :

— Dans la famille de Napoléon, il n’y avait qu’un homme. Il est en cage. Il ne reste plus rien.

— Il reste la reine Hortense, avait répondu Pie VII.

C’est cette femme aimable, frivole, plus créole encore, semblait-il, que Joséphine, sa mère, mais si intelligente, qui devait refaire l’Empire. Son