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voyage au pays des brahmes.

un si beau cortège ? Ce doit être la femme du prince le plus puissant de la terre. Et de toute part on lui apportait des fleurs dont on jonchait la route, ainsi que des fruits et de riches présents.

« Mais ce qui causait le plus d’étonnement à la foule, était la beauté de la jeune Devanaguy, qui, quoique âgée de quelques semaines à peine, avait déjà la figure sérieuse d’une femme, et semblait comprendre ce qui se passait autour d’elle et l’admiration dont elle était l’objet.

« Pendant soixante jours que dura le voyage, la colonne de feu, qui cessait d’être visible avec le soleil, reparaissait la nuit, et ne cessa jamais de diriger le cortège jusqu’à l’arrivée. Et chose bien extraordinaire, les tigres, les panthères et les éléphants sauvages, loin de s’enfuir épouvantés comme ils ont coutume de faire aux approches de l’homme, venaient doucement considérer la suite de Lakmy, et leurs rugissements devenaient aussi tendres que le chant du boulboul, afin de ne pas effrayer l’enfant.

« Nanda ayant appris l’arrivée de sa parente par un messager de Vischnou, vint l’attendre à deux jours de marche de son habitation, suivi de tous ses serviteurs, et dès qu’il aperçut Devanaguy il la salua du nom de Mère, disant à tous ceux qui s’étonnaient de cette parole : —