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voyage au pays des brahmes.

ce sont précisément ceux que je donne aujourd’hui. Les légendes patriarcales le plongèrent dans le plus profond étonnement ; comme tout esprit qui ne s’est pas dégagé complètement des idées fausses de l’enfance, renforcées encore par l’absurde éducation de la jeunesse, le capitaine Durand en était encore aux traditions bibliques qu’il se figurait être les plus anciennes de l’humanité. Quand je lui terminai la lecture rapide de la parabole christnéenne, il resta quelques instants comme absorbé dans ses pensées, puis, revenant à lui, il me dit d’un ton mélancolique et avec une ampleur de vues et une poésie dont je ne l’aurais pas cru capable :

— Allons, l’humanité se compose de petites fourmilières… chaque fourmilière se croit un monde, et écrit son histoire pour elle seulement… Dans le commun des habitants de la fourmilière européenne, se doute-t-on de ce que fut, dans le passé, la fourmilière asiatique ?… Le christianisme ressemble à tout ce que vous me lisez, comme les levers de soleil que nous voyons doivent ressembler aux levers de soleil disparus…

— Et pour compléter votre image, répondis-je, nous pouvons dire avec les Védas !…


Ô séculaires aurores,
Aurores qui disparaissez,