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voyage au pays des brahmes.

ne les administrais que pour la parade, mais l’effet était suffisant, le bâton étant un objet impur chez les Indous ; toute sa vie ce rhodias allait garder une tache indélébile et porter le sobriquet de Belatti-djita, — battu par un étranger. — Le bruit que fit cette petite exécution et les éclats de rire des Indous qui se moquaient du pauvre diable donnèrent sans doute l’éveil aux autres, car ce fut le seul sur lequel nous pûmes mettre la main ce soir-là.

Nous regagnions tranquillement Taj-Boulé par une petite ruelle, au bout de laquelle nous apercevions le vieux monument se profiler dans l’ombre, lorsque le moullah nous dit à voix basse, et de ce ton mystérieux propre à ce genre d’offres :

— Voilà deux jours que les saëbs sont ici, et ils ne sont pas encore allés voir les belles filles ?

Je m’attendais à la question, car dans l’Inde on vous demande cela exactement comme on vous dit ailleurs : Avez-vous déjeuné ? et ce serait un véritable déshonneur pour un hôte s’il n’offrait à celui qu’il reçoit sous son toit, la table, le couvert et la femme ; dans certaines castes le voyageur peut choisir parmi toutes les femmes de la maison, sans en excepter celle du maître, et ce choix est considéré comme un honneur