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les ruines de bedjapour.

principes que lui avait inculqués le célèbre Chek-Metor, mon cuisinier du Bengale.

Toute cette viande devait être, en effet, salée et préparée séance tenante ; le lendemain, il eût fallu la jeter aux chacals.

Mon ami me raconta en riant à demi, et avec un certain embarras, qu’avant de franchir le mur d’enceinte de Bedjapour, ses dix rabatteurs lui avaient demandé quelques caches pour acheter un peu de nourriture ; il leur avait remis une roupie à chacun, c’est-à-dire dix fois plus que leur journée entière ne valait. Ils étaient partis soi-disant pour aller chercher un peu de riz et de poisson fumé au bazar, et il ne les avait pas revus.

Je sus de Tchi-Naga qu’il n’avait pas pris d’abord la chose aussi bien, et que pendant une partie de la journée il n’avait parlé que de leur brûler la cervelle ou de les faire pendre.

Il avait alors, pour ne pas rentrer sur un aussi piteux début, chassé avec Ponousamy et Tchi-Naga, et le succès qui avait couronné sa persistance n’avait pas peu contribué à calmer son irritation. Il est bon de dire aussi que Tchi-Naga était un chasseur émérite ; toute son enfance s’était écoulée dans les jungles de Karnatic ; il connaissait admirablement les réduits affectionnés par les fauves et les grands gibiers.