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voyage au pays des brahmes.

indoue, un soulèvement national ; je répète que toute action de cette nature est rendue impossible par la constitution religieuse et sociale de l’Inde.

Cette révolte a été entièrement musulmane. Ce fut le dernier soupir des avant-derniers conquérants qui essayaient de chasser ceux qui les avaient remplacés.

Les Indous ont regardé d’un œil curieux cette lutte entre les aventuriers qui les avaient dépouillés et les aventuriers qui étaient en train de le faire, et ne bougèrent pas. S’ils se fussent soulevés, en vingt-quatre heures il ne fût pas resté un Anglais dans la péninsule.

En construisant ainsi leur société sur des bases théocratiques, en persuadant à l’Indou que la terre n’est qu’un lieu d’épreuves, que la vie véritable ne commence qu’à la mort, et qu’il faut tout endurer pour parvenir à cette transformation supérieure, les brahmes se donnèrent des sujets faciles à gouverner, ils rendirent toute résistance à leur autorité impossible ; mais ils n’avaient pas vu que ce dédain du monde présent, cette vie spéculative que l’Indou mène par avance dans le monde de l’avenir, cette obéissance passive dont ils avaient fait la vertu la plus méritoire, devaient rendre leurs peuples aussi faciles au joug de l’étranger qu’au leur.