Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
les ruines de bedjapour.

se brûler sur le bûcher de leur mari. Sans avoir complétement cessé, ces sacrifices sont aujourd’hui moins fréquents.

Les Anglais qui, comme les brahmes, laissent paisiblement les Indous à leurs superstitions, pour les gouverner plus facilement, n’ont pas osé les interdire ; ils n’ont pas encore dépassé les limites de la persuasion. Ainsi, dans chaque province il est enjoint aux divers magistrats dispersés dans le pays d’examiner avec attention toutes les circonstances du suttys, car c’est ainsi qu’on appelle ce sacrifice, et de n’en permettre la consommation qu’après avoir épuisé tous les moyens que la prudence leur dicterait pour s’y opposer.

Aucune femme ne peut donc maintenant se dévouer à ce cruel genre de mort sans l’autorisation du juge du district, et lorsqu’on s’adresse à lui pour l’obtenir, il fait comparaître la victime, l’interroge soigneusement pour s’assurer que sa volonté est libre et qu’aucune influence étrangère ne la lui a suggérée. Il s’efforce ensuite, par ses exhortations et les raisonnements les plus persuasifs, de l’engager à renoncer à son horrible dessein. Si la veuve demeure inébranlable, il la laisse alors maîtresse de sa destinée.

Cette procédure a eu immédiatement pour résultat d’augmenter le nombre des suttys, et il