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voyage au pays des brahmes.

parvenir d’emblée au séjour des bienheureux. Or il n’est pas rare de voir ces malheureux fanatisés vendre un de leurs membres, une main ou un pied, par exemple, à un riche mourant qui désiré atteindre le ciel sans être obligé de passer par des stations intermédiaires.

Au moment où le fils aîné du mort met le feu au bûcher, le fakir exécute loyalement son contrat : il se désarticule lui-même le membre qu’il a vendu et le lance dans les flammes.

Ce pied sanctifié est brûlé naturellement avec le défunt, et comme il est impossible de séparer les cendres produites par le cadavre de celles produites par le pied du fakir, le mort s’en va droit au ciel, quelles que soient les fautes qu’il ait commises, parce qu’il est impossible d’envoyer en enfer une parcelle, si faible qu’elle soit, du corps d’un saint personnage.

Cette coutume est fort suivie dans la caste des commoutys, qui comprend les banquiers, les armateurs, tous les riches négociants. Il est rare qu’à leur mort ils ne se payent pas un pied de fakir sur le gril qui va les réduire eux-mêmes en cendre.

Les castes riches étalent leurs morts sur des grillages en fer qu’ils entourent de bois précieux.

Il n’était pas rare autrefois de voir les veuves