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les autres en signe de profonde douleur. Tout cela est réglé comme un cérémonial de ballet. Il se décide enfin à prendre la torche et met le feu aux quatre coins du bûcher.

Aussitôt qu’il est bien allumé, tout le monde se retire, à l’exception des huit brahmes qui ont porté le cadavre et qui doivent rester sur les lieux jusqu’à ce qu’il soit consumé.

L’héritier va alors se baigner sans quitter ses vêtements, et encore tout mouillé, il choisit par terre un lieu propre et y fait cuire dans un vase de terre neuf qu’il doit soigneusement conserver durant les dix jours suivants, du riz et des pois mêlés ensemble.

Dirigeant son intention vers le défunt, il fait par terre une libation d’huile et d’eau, répand au-dessus une libation d’herbe darba, qu’il arrose du même mélange, et sur laquelle il place le riz et les pois cuits ; après les avoir pétris en boule, il fait sa troisième libation, récite des memtrams, puis jette la boule de riz et de pois aux corbeaux, qui sont, dans l’Inde, plus communs que les mouches, et qui voltigent autour du bûcher avec le désir clairement manifesté par leurs cris de manger un morceau de l’ancêtre qui est en train de rôtir.

Lorsque le défunt appartient à une famille qui n’a pas les moyens de payer le bois de son