Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
les ruines de bedjapour.

— Si massa veut venir, il verra qu’Amoudou dit la vérité.

Je le suivis, et au fond du sanctuaire, dans cette partie sacro-sainte du temple où nul mortel n’est admis, j’aperçus une auge de granit noir pleine d’eau. Il y en avait au moins deux cents litres. Cette auge était placée au pied même de la statue de Siva, qui, une épée flamboyante à la main, semblait prêt à châtier notre insolente profanation.

— Mais, malheureux ! fis-je à Amoudou, tu vois bien que c’est l’eau sacrée de la pagode…

— Qu’est-ce que cela fait, massa ? me répondit-il. j’en ai goûté, elle est très-bonne.

Ces paroles étaient à peine prononcées que je buvais à même dans l’auge sainte ; le desservant avait été si modéré dans l’emploi de ses drogues, que je ne retrouvai ni le goût de l’encens et de la myrrhe, ni celui du sandal, mais simplement une légère amertume, provenant sans doute de la faible quantité de sel que le brahme y avait fait dissoudre.

Amoudou en porta une petite provision aux deux pauvres bufflones qui traînaient ma charrette sans avoir rien bu depuis le matin, et les deux animaux l’avalèrent avec délices, sans se douter certainement des vertus merveilleuses de l’eau qu’Amoudou leur présentait.