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les ruines de bedjapour.

les plus basses castes, et d’entretenir dans l’âme du pauvre soudras attaché à la glèbe, le respect des classes supérieures.

Le culte qu’on abandonnait à ces déshérités n’a jamais rien eu d’élevé et de philosophique ; il s’agissait de les assouplir par les plus ridicules superstitions, et en abrutissant leur raison, de leur enlever toute force de réaction contre le joug qui leur était imposé.

Cette société de prêtres, de rois, de guerriers, de parasites, voulait garder sa machine à travail.

Aussi les brahmes qui avaient reçu la mission de vivre avec la plèbe, de l’entretenir dans son obéissance, dans sa servilité, menaient-ils pendant leur vie une existence qui le plus souvent les rabaissait au niveau de leurs ouailles. À force de se plonger dans leur momeries superstitieuses, ils finissaient par se fanatiser et y croire, et donnaient dans leur mort même, au lieu d’un enseignement, une occasion de plus de frapper l’esprit de la foule par des pratiques ridicules.

Il n’est pas sans intérêt d’en relater quelques-unes, et de montrer jusqu’où peut aller la folie sacerdotale, folie raisonnée, du reste, et qui depuis des milliers d’années justifie la fin par les moyens.