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voyage au pays des brahmes.

J’achevais à peine ces mots que la scène changea.

Amoudou, lassé des plaisanteries dont il était l’objet, s’arrêta tout à coup, et s’adressant aux Rodhias, Tchandalas et autres vagabonds qui l’entouraient, se mit à les provoquer dans le langage imagé que le bon Homère n’a pas dédaigné de mettre dans la bouche de ses héros.

— Ingué va nai… Venez ici, chiens, que je vous casse les reins… Après cet exorde conciliant, la rhétorique du Nubien devint intraduisible… les plus faibles injures de l’extrême Orient, même en les voilant, ne se pourraient écrire. Puis, tout d’un coup, comme pour se faire la main, il saisit un des Indous placés près de lui et le lança sur la foule.

Le capitaine, craignant une mêlée, allait s’élancer, je le retins.

L’Indou tomba d’une façon si grotesque, que toute l’assemblée éclata de rire, et parmi ceux dont les contorsions étaient les plus bruyantes et les jambes les moins solides, je remarquai avec stupeur le cornac Vaïtilinga, à qui je n’avais jamais vu boire le moindre verre de callou ou d’arrak.

Bien m’en avait pris de l’expédier à la suite d’Amoudou, les deux compères avaient dû se rencontrer, et ils ne valaient pas mieux l’un